«Sans collier» de Louise Bédard à FURIES 2022

Dans le cadre de la 3e édition de FURIES - festival de danse contemporaine en juillet 2022, l’équipe du festival a donné carte blanche à la chorégraphe Louise Bédard pour créer un solo in situ. Dans cette capsule, découvrez des bribes de cette performance inédite.

« Sur le premier lieu du tournage, je suis saisie. C’est tellement beau que je me sens comme un grain de sable dans cette vastitude de bord du fleuve; toute cette eau, cette marée en train de monter, ce ciel d’un bleu si clair, la montagne au loin. Qu’a à faire cette femme fraîchement débarquée la veille à Marsoui et qui tôt le matin se retrouve dans cet environnement? C’est le cas de le dire, je sors de ma zone d’urbanité! Mes repères sont loin d’être aiguisés, mais je fais comme si. La danse que j’exécutais en studio se retrouve sens dessus dessous. Il m’est impossible de faire abstraction du lieu où je me trouve. L’eau, une petite roche, une plume attirent mon regard pendant que je danse. Avant mon arrivée à Marsoui, plusieurs de mes répétitions avaient lieu au parc La Fontaine qui est à quelques minutes d’où j’habite à Montréal. Je répétais sur des surfaces granuleuses pour me familiariser davantage avec un sol inégal et aussi avec la générosité du lieu. Sur la rive, rien n’est à comparer, les roches s’imposent et ce vent qui se met de la partie en voulant danser avec moi. C’était fabuleux et déstabilisant à la fois et toutes ces odeurs enivrantes et distrayantes j’avais l’impression de perdre pied tout en cherchant à me déposer. Mais tout à coup, dans une sorte de vertige, cette femme se met à danser faisant corps avec ce qui l’entoure.

Deuxième station pour le tournage, le bord de la route. Nous y sommes. J’enfile cette femme brune baptisée ainsi parce que vêtue de brun. Elle ramasse aux abords du chemin, une longue tige de métal qu’un camion a dû laisser choir en s’aventurant sur la chaussée. Mon voyage continue et le sien aussi. Cette femme brune déconnectée à ce qu’il paraît, mais connectée à d’autres sources prend plaisir à se balader et à trimballer ses objets ne prêtant aucunement attention aux voitures qui la frôlent. On ne sait pas au juste ce qu’elle fait et ce côté incongru me plaît. La personne derrière la caméra capte bien la démarche déroutante de cette femme. J’apprécie cette liberté de pouvoir offrir ce à quoi s’activent ces deux femmes via une caméra qui témoigne de leur déambulation. Elle est à l’image de ce projet global de Sans collier où pendant la pandémie plusieurs autoportraits ont vu le jour et où j’ai voulu passer de l’image statique à quelque chose de plus engageant en termes de mouvement. Chaque portrait m’a amené à m’interroger sur qui sont ces femmes que j’incarne et comment elles désirent se manifester si je leur en donne la permission. Toutes choisissent de bouger, de danser, de faire advenir la préciosité du moment. C’est ce que j’ai tenté de faire lors de ma présence là-bas. Au sein des différents contextes, celui de représentation et aussi de tournage, la présence de ces femmes est subjuguée par la force des lieux et par la reconnaissance d’une expérience immersive. Grâce à cette amorce du premier volet réalisé à Marsoui où mon imaginaire a été fortement stimulé, ces nombreuses traces et empreintes enrichiront, à n’en pas douter, le futur de Sans collier.»

— Louise Bédard, chorégraphe et interprète

CRÉDITS

Télé-Québec Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
Réalisateur, caméraman et monteur : Julien Leblanc
Technicienne de production : Janie Poirier
Coordonnatrice régionale : Caroline Bujold

Œuvre : Sans collier
Chorégraphe et interprète : Louise Bédard
Musique originale : Diane Labrosse

Production : Mandoline Hybride / FURIES – festival de danse contemporaine
Priscilla Guy
Clotilde Dyotte-Gabelier
Marie-Charlotte Castonguay-Harvey

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